Préparation Mentale / ils font appel à Sport Bretagne (2/3) – Maëlle Philippe (Lancer)

La jeune marcheuse bretonne, détentrice du record de france minime a sollicité les services de Sport Breatbee.

Maëlle Philippe, lanceuse de Disque, membre du Pôle à Dinard

Sportifs engagés dans un projet de performance, ils font appel à la cellule ressources et expertise de Sport Bretagne pour leur préparation mentale. Sur cette série, échange avec trois athlètes bretonnes qui sont accompagnées par notre préparateur mental, Corentin Le Métayer. 

Championne de France espoir du lancer du disque en 2019, Maëlle Philippe est arrivée au Pôle Lancer de Dinard en septembre 2021. Après une période normale d’adaptation à son nouvel environnement, elle a sollicité notre préparateur mental pour des sujets bien précis, dans la continuité de ce qu’elle avait déjà mis en place au CREPS de Wattignies.

Entretien

Comment s’est passée ton intégration dans ton nouvel environnement ? Je suis arrivée de Lille et du pôle France de Wattignies, il a m’a donc fallu un certains temps d’adaptation pour prendre mes repères et démarrer en quelque sorte une nouvelle vie. Un nouvel entraineur, de nouvelles méthodes de travail, un nouveau groupe d’entrainement … tout était neuf et j’ai mis un peu de temps à m’acclimater et prendre mes repères.

Tu as démarré directement avec Corentin ? Non pas tout de suite. Corentin s’était présenté à moi à mon arrivée dans la structure mais j’avais besoin d’un temps d’adaptation et c’est moi qui suit revenue vers lui pour reprendre la préparation mentale. Quand j’étais licenciée au Lille Métropole Athlétisme, le club avait tout un réseau médical et les gérants m’avaient conseillé de travailler cet aspect de la performance. J’avais eu des échos positifs d’autres athlètes et je m’étais finalement lancée.

Dans quelle optique tu avais débuté ce travail de PM à Wattignies ? J’avais un réel problème de confiance en moi pour performer. J’ai commencé la PM en faisant de nombreux exercices pour voir ce qui pouvait me correspondre. On a travaillé sur certains points pour que je sois prête à l’arrivée des compétitions : « comment organiser mon entrainement au quotidien », « préparer les compétitions à venir », « se voir sur les compétitions à venir », « préparer les grosses échéances » … J’ai eu un peu de mal au début car c’est quelque chose qu’il faut travailler, c’est un ingrédient que l’on intègre à la performance et ça ne vient pas comme cela d’un claquement de doigt, il faut le bosser. Au fur et à mesure, j’ai vu les bienfaits … C’est comme tout, quand on voit que ça marche, on continue !

A Sport Bretagne, tu étais donc dans une forme de continuité ? Avec Corentin, on a commencé par parler de tout ce que j’avais mis en place auparavant, pour ne pas repartir de zéro et donc gagner du temps. Dès que l’on a identifié les besoins, on s’est directement mis au travail. Le fonctionnement n’est pas du tout le même qu’à Lille. Chacun à sa façon de travailler et avec Corentin c’est fluide, on va directement à l’essentiel : construction et production. Le but de la PM est de bien construire pour ne pas perdre de temps sur notre parcours de performance.

Quels thèmes travailles-tu avec Corentin ? Nous sommes sur : « la gestion des compétitions », « la gestion de l’environnement », « la stabilité de cette reconversion sportive » … On met en place des outils pour qu’ensuite, dans mon quotidien je puisse améliorer mes performances. L’imagerie mentale fait partie de ces outils. Récemment je me suis remémoré mes derniers championnats de France, où je me suis loupée. C’est difficile, car c’est revenir sur un événement frustrant et désagréable. Imaginer ce moment, c’est surtout se refaire tout le protocole de cette compétition et de voir ainsi à quel moment le problème est apparu. Le fait de connaitre le problème , de lui donner une forme est essentiel pour qu’il ne se reproduise plus ou à minima que je puisse le canaliser.

Est-ce que selon toi, la PM doit s’adapter à ta discipline ? Oui et je vais donner un exemple concret : à l’inverse d’une course où tous les athlètes sont sur une même ligne et donc à égalité au départ, au lancer, il y a un tirage au sort pour savoir qui passe la première. Passer la première, c’est hyper stressant car tout le monde te regarde à ce moment : c’est toi qui entame le concours … il faut pouvoir le gérer. Autre cas, sur un championnat d’Europe, je me souviens d’une Moldave qui lance et fait une grosse performance. Tu entends le speaker qui dit dans la foulée : « France » … ma première réaction c’est : « mais je ne vais pas lancer après elle ! ». Je savais que j’avais un niveau plus faible que le sien et je me disais : « mais comment c’est possible de performer après un tel lancer ? Derrière je vais soit me louper, soit réussir mais ça ne sera jamais aussi incroyable que ce qu’elle vient de faire. » C’est ce travail là que je fais en PM, pour gérer les différents scénarios qui peuvent se produire dans une compétition. Le lancer c’est délicat car on est tout seul dans la cage et tout le monde nous juge à ce moment là :  » alors qu’est-ce qu’elle va faire !« 

Comment tu définirais la Préparation Mentale ? Au même titre que d’autres leviers de la performance, la PM c’est une béquille sur laquelle on peut s’appuyer. Certains athlètes en ont besoin, d’autres non. Je pense qu’il y a autant de manières d’aborder la Préparation Mentale qu’il y a d’athlètes, chacun est différent et il faut donc que le travail mené soit adapté à chacun en fonction de ses besoins, de sa discipline. Après si on essaye pas, on ne peut pas en voir réellement la force … c’est réellement ça ! Il y a aussi tout un équilibre à trouver entre le préparateur mental, le coach, les autres intervenants … c’est un tout !

Episode 1 : Chloé Le Roch Lire